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La course contre la montre face à l'ambr La course contre la montre face à l'ambroisie

Détruire cette mauvaise herbe est un parcours compliqué pour Philippe Vacher.

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«J'ai toujours vu de l'ambroisie dans les champs, on l'appellait l'herbe de Saugnieu, un village de la région, se souvient Philippe Vacher, exploitant à Meyzieu dans le Rhône, non loin de Lyon. Avant 1986 et l'installation du réseau d'irrigation, les cultures se résumaient souvent au colza, au blé et à l'orge en sec et la mauvaise herbe se développait peu, sauf dans les chaumes. C'était gérable. Toutefois, avec l'apparition des cultures de printemps irriguées et aussi un certain laisser-aller dans l'entretien des jachères, le phénomène a pris de l'ampleur.»

 

L'ambroisie à feuille d'armoise est surtout concurrentielle dans le tournesol, culture où elle aime débuter son cycle annuel à la sortie de l'hiver. Les pertes de rendement peuvent atteindre jusqu'à 70%. L'absence de rattrapage en postlevée rend souvent son contrôle difficile car l'efficacité du désherbage de prélevée avec la seule matière active disponible (Nikeyl® – Cline®) demande une bonne humidité du sol.

«Il faut qu'il pleuve quelques jours après l'application, ce qui est très aléatoire, explique l'agriculteur. Cette année, je vais essayer d'apporter 20 mm d'eau au semis pour rendre le traitement plus efficace.»

Terres séchantes

L'ambroisie raffole des terres séchantes de Philippe Vacher réparties entre le département du Rhône et celui de l'Isère tout proche, à Villette-d'Anthon . Il implante donc le tournesol dans ses parcelles les moins caillouteuses où le stock de graines d'ambroisie est historiquement moins élevé, afin de limiter l'apparition de l'adventice.

Car la pression est grande: l'ambroisie est devenue un problème de santé publique puisque les quelques milliards de grains de pollen provoque des allergies respiratoires en fin d'été. Un arrêté préfectoral oblige donc les collectivités et les agriculteurs à éliminer les plants d'ambroisie avant la pollinisation. Cette destruction doit avoir lieu si possible avant la floraison et au plus tard au 1er août de chaque année.

Cette lutte durant l'interculture d'été, période favorable au développement de la mauvaise herbe, permet non seulement d'empêcher la floraison et la grenaison des ambroisies présentes, mais aussi de réduire le stock de semences. Au final, Philippe Vacher y consacre près de trois jours, entre la surveillance des parcelles, le passage du glyphosate et le déchaumage avec un outil à disques. «S'il y a de l'ambroisie dans les parcelles récoltées en juillet, c'est la course contre la montre pour respecter l'arrêté», confie l'agriculteur.

Forte pression

«Depuis deux ans, les communes font passer des employés municipaux qui répertorient les plants d'ambroisie et une lettre recommandée est ensuite envoyée au propriétaire de la parcelle concernée», ajoute Philippe, qui estime que la pression est de plus en plus forte, d'autant plus que ses parcelles se situent en zone périurbaine où les promeneurs ne manquent pas de signaler la présence de la plante poilue. «Je vais désormais maintenir seulement 5 ou 6 ha de tournesol irrigué sur les 140 ha de l'exploitation afin d'alimenter ma nouvelle presse à huile. Avec les problèmes croissants d'attaques de corbeaux et la pression sur l'ambroisie, cela devient vraiment compliqué», explique l'agriculteur, qui souhaite aussi faire plus de maïs grain pour rentabiliser l'achat d'un séchoir mobile lui permettant de stocker 100% de sa récolte.

 

Vers une approche plus pédagogique

«On va mettre en place cette campagne sur la commune de Chassieu. Une démarche plus pédagogique qui implique à la fois les agriculteurs et les élus, à l'image de ce qui se fait déjà en Isère, explique Emmanuel Gaudart, de la chambre d'agriculture du Rhône. Cette vitrine des pratiques à mettre en oeuvre pour éliminer l'ambroisie a pour objectif d'aller au-delà de l'arrêté et des connaissances techniques déjà acquises sur cette mauvaise herbe. Cela permet de montrer par exemple aux élus que ce n'est pas facile tous les ans de supprimer l'ambroisie et que cela a un coût pour l'agriculteur.»

 

Pour en savoir plus:

 

(113.35 Ko) (une fiche réalisée par le groupe de travail «Stratégie de désherbage en Poitou-Charentes»: Arvalis-Institut du végétal, Cetiom, chambres d'agriculture 16, 17, 79, 86, SRPV, Fredon.

 

Consultez également E-phy , le catalogue des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France.

Glossaire

- SRPV: service régional de la protection des végétaux.

- Fredon: Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles.

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